Il aura fallu une nuit entière de tractations pour que Richard Holbrooke, le négociateur des accords de Dayton, obtienne la collaboration du président serbe Slobodan Milosevic. A l'issue de cette laborieuse rencontre, la mission du médiateur américain a été couronnée par le succès : Radovan Karadzic vient d'accepter d'abondonner "de manière permanente" toutes ses fonctions politiques. Le leader des serbes de Bosnie, poursuivi par un mandat d'arrêt international, a signé une déclaration attestant qu'il "cède le poste de président du PDS (le parti démocrate serbe)". Le texte indique encore que "ses pouvoirs et ses responsabilités seront gelés jusqu'à ce que le PDS choisisse un nouveau président".
Le retrait du nationaliste serbe du paysage politique bosniaque ouvre la voie à un renouveau du processus de paix, mis à mal depuis quelques temps par les volte-face successives de ce chef de guerre. Le bon déroulement des élections était en effet directement conditionné par sa mise à l'écart. Le président bosniaque Izetbegovic avait menacé de boycotter le suffrage, si Karadzic continuait à diriger en sous-main l'enclave serbe de Bosnie et persistait à vouloir prendre part à ces élections.
Richard Holbrooke semblait hier satisfait. "Nos efforts étaient concentrés dernièrement sur le retrait de Karadzic de la vie publique. C'est fait. Maintenant, il faut passer à la suite", a-t-il déclaré sur CNN. La campagne électorale pour la présidence collégiale de Bosnie, qui avait été repoussée de quelques jours, pourra commencer aujourd'hui comme prévu, dans un climat plus serein.